Antonin Fadinard, directeur artistique du collectif Lyncéus
Interview pour le livret de bord février-juin 2022
La parole à Antonin Fadinard, directeur artistique du collectif Lyncéus
D’où est venue l’idée d’adapter Roméo et Juliette pour stade de foot ?
De l’envie de faire converger deux espaces populaires : l’univers du foot et la pièce la plus connue au monde. Et du désir de trouver une forme qui agisse sur le fond. Dans la pièce de Shakespeare, il y a une matière, celle de la guerre civile, à explorer de manière ludique. Notre objectif est de trouver comment faire sentir au public qu’il est intégré à l’histoire qu’on lui raconte, que sa présence est un élément majeur du récit.
Le public aura un rôle particulier dans cette nouvelle création. Comment et pourquoi ?
L’idée est de recréer les deux familles rivales de Vérone, les Capulets et les Montaigus, et de donner ces rôles à jouer aux spectateurs et aux spectatrices. Il s’agit de deux foules, assises face à face sur deux gradins, visuellement reconnaissables par des maillots aux couleurs de leur famille-équipe. C’est un travail de supporters, ni plus ni moins : des cris, des chants, des applaudissements et des huées. Il faut y aller à fond. C’est drôle et c’est sauvage. La tragédie se charge des réconciliations…
Cette création s’accompagne de la mise en place d’un projet d’éducation artistique et culturelle initié par Le Fourneau, au lycée professionnel Rosa Parks de Rostrenen. Qu’allez-vous y faire et comment allez-vous intégrer les étudiant·e·s dans votre processus de création ?
Comme d’habitude avec une création, on ne sait rien à l’avance. Alors on lance des pistes, on fait des expériences. Les ateliers avec les lycéens et les lycéennes sont un moyen d’en apprendre un peu plus sur notre spectacle : on leur enseigne ce qu’on sait faire et en échange ils nous apprennent si ce qu’on veut faire tient la route ou pas. On les met en jeu, on se met en jeu avec eux, on plonge joyeusement dans l’incarnation de ces groupes antagonistes que sont les deux familles de Vérone. On cherche jusqu’à quel point on peut demander à un public d’être partie prenante, jusqu’à quel point on peut préparer un public à être un « groupe-acteur ».
crédit : DR
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