Kamel, Cie Matière Première à la Garenne des Vieilles Charrues
Booster Kingstone et General XL « déchirent tout sur scène ». La compagnie toulousaine Matière Première, composée de trois intermittents, existe depuis 2000. Leur autodérision musicale remporte un vif succès auprès du public avec une représentation tous les deux jours en moyenne. Pourtant, depuis quelques temps, Kamel et Xavier sont très préoccupés par l’avenir culturel français. Comme la plupart des artistes, ils craignent non seulement pour leur statut, mais pour l’évolution du système de société dans lequel nous vivons. Kamel a accepté de nous faire part de ses réflexions.
Le Fourneau : "Comment vous positionnez-vous, en tant que compagnie des arts de la rue, suite aux accords du 26 juin ?"
Kamel : "La compagnie se veut actrice dans le mouvement des intermittents. Elle a pris part à la grève, a annulé certaines représentations, a tenté plusieurs formules de sensibilisation du public. C’est très dur physiquement et psychologiquement de se demander tous les jours si on joue ou non, si on fait une action collective ou individuelle. Le collectif artistique a essayé toute une armada d’actions pour solidariser le public".
Le Fourneau : "Tu crois à une évolution positive du mouvement ?"
Kamel : "Je ne sais pas comment voir l’avenir. On est dans un système très répressif, on le voit encore aujourd’hui dans la presse avec la nuit cauchemardesque de la rave du Faouët. Si le protocole d’accord est mis en place, beaucoup vont refuser de profiter du statut et être tentés par la voie de l’illégalité, à savoir le travail non déclaré. Néanmoins, je reste plus que jamais confiant. Le gouvernement a voulu nous déstabiliser et nous diviser. Il a réussi à créer la pagaille au sein du milieu culturel, mais je pense que c’est une étape obligatoire. La solidarité de tous les secteurs professionnels commence à se faire sentir sur le terrain. Maintenant, c’est un travail de fond qui s’installe. Il doit se dérouler sur du long terme. La balle est dans notre camp".
Le F. : "Depuis le 26 juin, le gouvernement ne fléchit pas, tu crois que le temps sera un allié ?"
K. : "Nous ne savons plus trop que faire pour que le gouvernement nous écoute. La presse a visiblement pris le parti de ne pas parler de nous. Il suffit de regarder les quotidiens régionaux d’aujourd’hui, dimanche 20 juillet, des pages entières sont réservées aux Vieilles Charrues et pas un article sur la manifestation d’hier dans la Garenne et la prise de parole du directeur du festival sur la scène Glenmor. Le seul moyen est de se solidariser. On s’aperçoit que le public est avec nous. Rendez-vous en septembre, puis aux élections 2004 qui, pour une fois, devraient réellement servir à quelque chose".
interview réalisée le 20 juillet 2003 dans la Garenne des Vieilles charrues
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