Guillaume Lambert, auteur-metteur en scène de L’Instant Dissonant
La parole à Guillaume Lambert, auteur-metteur en scène de L’Instant Dissonant
En quelques mots, pouvez-vous nous présenter votre compagnie ?
Nos spectacles sont des cérémonies détournées, des fêtes théâtralisées qui accompagnent les passages de la vie. On cherche l’interaction avec les spectateur·rice·s. On a lancé cette recherche autour d’un repas-spectacle, on a continué avec une fête funéraire où deux sœurs inventent une cérémonie d’enterrement. On continue aujourd’hui avec l’île sans nom, la fête nationale (fictive) d’une île française qui a décidé de se débaptiser.
Alors, c’est où l’île sans nom ?
Pour l’instant, elle a un nom, l’île Amsterdam. On la trouve au sud de l’océan indien. C’est un volcan qui fait partie des Terres australes et antarctiques françaises, aux côtés des Kerguelen, de Terre Adélie et des îles Éparses entres autres. Son nom raconte à lui seul l’expansion européenne qui l’a traversée. C’est aussi une île habitée par des millions d’animaux sauvages, par des roches volcaniques, des plantes, et une vingtaine d’humains renouvelés tous les ans.
Dans votre souci de vous inscrire dans un courant écologique qui reconsidère les liens entre humains et non humains, vous défendez pour le paysage le statut d’acteur à part entière et pas seulement de décor. Dans cette perspective, comment le spectacle prendra-t-il en compte chaque nouveau site de représentation ?
Par l’imagination. À chaque site de jeu, on se renseigne sur les mouvements géo-historiques du paysage pour les transmettre pendant le spectacle. Par l’évocation et l’adresse aussi. On cherche dans le paysage de jeu ce qui nous relie au paysage de l’île : l’eau, le vent, le soleil, la voûte céleste, les fougères, les arbres, les oiseaux etc. Je m’adresse à ces acteur·rice·s-paysages, je les fais entrer dans la fiction, comme des partenaires de jeu. Par le temps long enfin. La cérémonie va durer trois heures. On va prendre le temps d’habiter un milieu, de le voir de la tombée du jour à la nuit, d’y sentir les mouvements, et d’y vivre un moment festif. Il va prendre part à la fête, à sa manière.
Répondre à cet article