Sur le sable ou le terreau secs, les coeurs s’illuminent déjà aux RIAS
Mercredi 26, fin d’après-midi à Kerfany puis Riec-Sur-Bélon
Le soleil, invité du matin, ayant un peu de retard (ou s’étant égaré en chemin), n’a fait son apparition dans le Pays de Quimperlé qu’en milieu d’après-midi. Après le déluge de la matinée, sa présence a réchauffé bien des esprits et, comme surgis d’un abri aussi temporaire que discret, des milliers de spectateurs se sont rués vers les 3 sites de la COCOPAQ inscrits au menu de la soirée.
Il est 17h17 à Kerfany (comme partout sur les sites des RIAS), mais ici, le soleil va pouvoir faire oublier à la Compagnie Circ Panic la déception de n’avoir pas pu jouer ce midi. Même les chiens cherchent l’ombre, c’est dire ! Les lunettes de soleil, offertes l’an dernier, ont aussi été sorties du placard. L’étroite relation entre l’astre diurne et le Festival tourne à l’affectif et, si l’on pouvait lire dans mes entrailles, ce serait sans doute de bon augure pour les prochains jours.
Ici, comme à Riec-sur-Bélon, les bénévoles assurent l’accueil du public, distribuant les programmes des RIAS, assurant la restauration des festivaliers ou distribuant des sacs plastiques pour ceux qui choisissent de s’asseoir par terre (et, ainsi, d’assurer une meilleure visibilité à ceux de derrière, une attitude à suivre à chaque spectacle) .
Se frayant un chemin parmi le millier de personnes réunies, l’Homme qui perdait ses boutons fait son entrée dans le cercle. Malgré son lourd fardeau, il émane de lui une grâce et une souplesse que les notes de musique de son complice, jouées en direct, ne font que renforcer.
Entre l’homme et le mât articulé se tisse alors une belle histoire dans laquelle on se demande encore, lors du clap de fin, qui a joué de qui. Une prouesse technique, musicale et surprenante.
Il est temps pour moi de trouver un habitant pour me conduire rapidement à Riec-sur-Belon où le Bois de Pins accueille 3 compagnies en ce début de soirée. Nouvelle surprise, après une courte marche dans les sous-bois : ici aussi les spectateurs sont en nombre, voire sont nombreux !
Mais la compagnie Kitschnette, malgré son nom, a conçu un espace grandiose et tout le monde peut apprécier l’entrée en scène de la comédienne, dont le corps est aussi désirable que le coeur est solitaire.
Elle part donc à la recherche de l’âme sœur et doit trouver, parmi les spectateurs massés devant elle, celui qui saura lui apporter romantisme et passion. Mais la belle romance survivra-t-elle à un tête-à-tête mitonné aux « Petits oignons » ?
Après un tonnerre d’applaudissements justifiés, le public poursuit sa promenade dans le Bois de Pins pour aller à la rencontre de la Compagnie Petit Monsieur. Ici aussi, tous les habitants du territoire semblent s’être donné rendez-vous.
Malgré cette foule impressionnante autour de lui, le comédien, seul en scène et sans mot dire, va réussir à imposer ses règles de jeu. La délicate question du repliage d’une tente « Deux secondes » va se transformer en une danse burlesque mêlant étroitement deux organismes d’une étrange souplesse, un corps humain et un assemblage de nylon et arceaux récalcitrants.
A l’issue de ce duo corporel, les spectateurs n’ont qu’un demi tour à faire pour pouvoir suivre la suite de la programmation. A peine ont-ils le dos tourné que déjà, les techniciens et bénévoles s’activent pour ranger les gradins qui, ainsi, ne passeront pas la nuit dehors.
Une sono se fait entendre à proximité. Ne serait-ce pas un morceau de musique classique ? Il est 20h03 et la compagnie Bougrelas vient d’investir le Bois de Pins. Les 3 cantatrices des « Fillharmonic Von Strasse » ont pour vocation de faire découvrir et aimer la musique classique aux habitants de Riec-sur-Bélon.
Avec l’aide de leur fidèle accessoiriste, elles enchaînent les airs du répertoire. Mais les personnalités individuelles et les petits tirages entre les chanteuses-instrumentistes pourraient vite tourner au couac et faire s’arracher les cheveux à la moindre cantatrice chauve.
Le public en redemande et semble conquis, peut-être prêt à prendre une carte d’abonnement pour la prochaine saison musicale.
Demain, 6 des 16 communes de la COCOPAQ accueillent leur part de programmation. Après un après-midi entre Riec et Moëlan, je remonterai le courant des rivières pour me rendre à Bannalec où j’ai rendez-vous à 17h17 avec Jean-Louis Le Vallégant, pour une échappée musicale avec « P’tit gus ou la transition occultée ». Après un crochet à Clohars, ma soirée, se répartira entre Mellac et Tréméven. Six spectacles nous attendent : « Batman contre Robespierre » (Le Grand Colossal Théâtre), « On passe à table » (Kischnette), « L’homme penché » (mO3) et « Le rêve d’Erica » (Bivouac Cie) à Mellac et « The Baïna Trampa Fritz Fallen » (Le G. Bistaki) puis « La veillée » (Opus) dans le bourg de Tréméven.
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