"Pourquoi les vieux, qui n’ont rien à faire, traversent-ils au feu rouge ?" par le Collectif in Itinere
Les Carnets de la Chimère # 10
C’est le titre de ce spectacle qui m’interpelle et je nage donc vers Quimperlé ce dernier soir des Rias. Aurais-je la réponse à cette question ? Je me faufile donc discrètement dans le public alors que devant nous, est reconstituée une maison de retraite.
Se déroule alors devant moi le quotidien d’un groupe de personnes âgées. Leurs visages sont affublés d’un masque, ce qui permet de définir les caractères propres de chacun et de créer également un effet de distanciation afin de mieux faire parler les mains et les corps meurtris par les années.
La première scène donne le ton. Deux résidents sont surpris dans leur cachotterie habituelle : s’asseoir sur un banc et fumer un cigarillo !
Nous nous plongeons ensuite dans la routine des pensionnaires. Exercices d’entretien du corps, ateliers de mémoire, distribution des médicaments, séances d’aérobic, fête d’anniversaire rythment leurs journées. Mais ils partagent aussi leurs désirs, leurs rêves et leur face à face avec l’inéluctable issue.
La perte d’autonomie, les absences de l’esprit, le décès de l’être cher, la sexualité, l’envie d’en finir nous donnent autant de scènes burlesques et quelquefois dramatiques. Les thèmes abordés sont durs mais traités avec légèreté. Cependant même si le rire et la poésie sont omniprésents, la moquerie n’a pas lieu d’être. C’est bien l’empathie, sourire en coin, qui gagne mon esprit.
Les personnages sont touchants et si proches de nous ! Plus d’un spectateur est amené à réfléchir sur sa propre vieillesse et sur celle de ceux qui l’entourent. C’est inéluctable, nous vieillissons tous, que nous le voulions ou non et nous serons toujours le vieux de quelqu’un !
La nuit tombe doucement sur cette dernière journée des Rias... Je n’ai pas eu la réponse à la question existentielle du titre de ce spectacle mais c’est pleine d’émotions et de nostalgie que je me glisse doucement vers mon univers : je reprends la mer après une escale 2023 exceptionnelle ! Les nombreux sites dédiés au théâtre de rue vont retrouver leur visage habituel et il restera, dans ma tête et dans celle des milliers de spectateurs, des images fortes, des anecdotes et des souvenirs émus.
A côté de l’affiche du Festival, je vous laisse une trace de mon passage, grâce à mon amie Evelyne, qui a bien voulu me représenter cette année encore.
Pour moi, le clap final du festival les Rias, c’est aussi la fin d’un pied-à-terre. Durant presque un an je vais sillonner les mers de la planète en attendant l’horaire précis de la prochaine grande marée, humaine, durant la dernière semaine d’août 2024.
Les Rias, j’y serai l’année prochaine !
Chimèrement vôtre !
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