"OBAKE" par le collectif Maison Courbe
Les Carnets de la Chimère # 2
Pour venir de l’océan jusqu’à un dédale de rues du quartier de Kerbertrand à Quimperlé, j’ai dû nager dans les rus, eh oui les arts gagnent aussi les rus, de la Laîta au Dourdu.
Je me sens sereine sous le grand cèdre dans l’attente de la déambulation proposée par la compagnie.
Au-dessus, les goélands qui m’ont suivie doivent bien penser qu’il y a quelque chose à se mettre dans le bec.
Les spectateurs ont dû les entendre car ils arrivent timidement, puis par vagues : 100,200, 300… jusqu’à 500 sans doute, bien plus que je ne peux compter de ventouses sous mes tentacules.
Le spectacle commence, Moellon s’extrait d’une poubelle et appelle Parpaing qui surgit d’un toit… Je ressens entre eux de la complicité, de la beauté, de la virtuosité. Ils m’entraînent avec le public vers une série de tableaux tous remplis de souplesse, de prouesse, de tendresse, de rires, de délires, d’émotion, d’appréhension, de contorsion....
Ils s’amusent et m’amusent avec les éléments du décor : les toits, les balcons, les porches, les arbres, les escaliers, les voitures sans oublier les spectateurs. Leurs échanges sans balle ni raquette sur une table de ping-pong me font frémir.
Je ris à leurs échanges d’onomatopées, de langage simple, ils s’appellent, se perdent, se retrouvent, ils ont besoin l’un de l’autre. Je les trouve tendres et beaux.
Même dans la colère ils sont attachants, ils se calment, se caressent, se peignent, se couvrent d’argile. Une petite crevette humaine à mes côtés dit à sa maman : "Y z’aiment bien la peinture dans les zyeux !" et encore : "ils se remettent de la crème solaire"...
Moellon et Parpaing redeviennent êtres primitifs, mouvants et émouvants au rythme de la musique pour finir, tels des caméléons, par se confondre avec la nature…
C’est terminé.
J’applaudis à tout rompre comme des centaines d’humains autour de moi, médusés oserais-je dire…
Bravo les artistes, à vous voir si terreux, vous avez bien mérité d’aller "au baquet"… ouais, facile, je vais me cacher jusqu’à la prochaine !
Chimèrement vôtre.
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