Fêter 30 années d’existence ce n’est pas rien ! Alors on s’y est tous mis !
Depuis plusieurs semaines quelque chose mijotait dans le Fourneau et aux alentours :
Ça grésillait, ça crépitait, ça palpitait, ça fourmillait. Il nous paraissait évident que des chefs toqués et leurs marmitons nous concoctaient un plat de choix. Ici et là, nous pouvions voir et entendre phosphorer, découper, coller, trier, coudre, aimanter, envelopper, trier, tamponner, pointer, classer, agrafer, fluoter, compter, calligraphier, papoter, écouter, badger, ranger, effacer, recommencer… et même rêver !

Et tout cela pour quelle recette ? Celle d’un anniversaire immanquablement inoubliable.

Le Vendredi 8 novembre 2024 à 19h03, 30 années après sa création, le Fourneau rallume les étoiles et s’enflamme grâce à une marche aux flambeaux descendant du Cours d’Ajot jusqu’au hangar bleu du port de commerce, accompagnée par une fanfare et suivie par plusieurs centaines de spectatrices et de spectateurs.

Ce fameux Fourneau qui, durant trois décennies, a produit tant de chaleur dans les cœurs et les corps, serait-il la proie de flammes ? Soyons rassurés, ce sont des flammes de fête, des flammes pour célébrer ce lieu magique, une mise en lumière effectuée par les torches de 80 bénévoles embarqués et les feux de la Compagnie Carabosse.

Les festivités peuvent commencer : Les spectacles et les allocutions se succèdent, moments de plaisirs et d’émotions partagés. Entrecoupés de musique, de danses et de rires, les témoignages et les anecdotes s’enchaînent. Les souvenirs se mêlent aux perspectives d’avenir. Les interventions des différentes instances témoignent de leur reconnaissance et montrent bien que leur engagement n’est pas vain.

Les invités ne sont tout de même pas fâchés que les discours s’achèvent, ils ont hâte de se rafraîchir et se sustenter. Et là, nouvelle surprise, la déambulation des tables portées par des serveuses et serveurs avenants n’est pas banale et est fort appréciée des convives. Que dire du gâteau ensuite ?... à la hauteur de l’événement : original et succulent !

En fin de matinée du samedi, lors de l’apéro livres, huîtres et compagnies, de belles anecdotes et de beaux moments sont partagés. Les histoires fondatrices sont évoquées, celles qui ne pourront pas être oubliées et qui sont consignées dans les livres que présentent Caty Avram et Pierre Berthelot de la Compagnie Générik Vapeur, ainsi que Jean-Raymond Jacob de la Compagnie Oposito. Le public s’amuse et réagit aux joyeux propos des compères. La météo est clémente et le soleil s’invite même à la fête. C’est agréable de partager un apéro huîtres et de pouvoir manger en plein air autour des food trucks en ce mois de novembre.

Tout au long de la journée, un défilé régulier de curieux prend mesure de l’histoire du Fourneau grâce aux photos affichées sur les murs d’enceinte. On peut y distinguer ceux qui veulent savoir et ceux qui se plaisent à commenter parce qu’ils y étaient, parce qu’ils l’ont vécue cette folie-là.

Dès 15h une foule de personnes attend devant la superbe fresque dessinée sur les portes du Fourneau par Wen2. Le premier entre-sort de l’après midi va débuter. La jauge de public est cependant limitée et ceux qui auront une petite cuillère rentreront ! Les autres attendront la prochain spectacle ! A l’heure prévue, le ruban d’entrée est acrobatiquement coupé par Léo et Hélène du collectif Maison Courbe et les spectateurs sont invités à tout oublier : « Il est l’heure de savourer l’ailleurs juste le temps de traverser l’espace du cœur ».

Effectivement, ils oublient et apprécient le décor, les mélodies, les danses, les acrobaties, les pirouettes verbales, l’humour et la poésie. Les 34 artistes complices, menés par Thierry Lorent de la Cie Annibal et ses Eléphants et Gildas Puget de Qualité Street, nous présentent une ébouriffante création éphémère orchestrée par Anne-Laure Gros. Accompagnée par l’ensemble des musiciens, Claire Ducreux, par sa grâce et son jeu scénique, rendrait amoureux n’importe quel partenaire choisi. Le public est ravi, les applaudissements sont nourris. Ces entre-sorts insolites et insolents feront l’unanimité tout au long de l’après midi.

À la tombée de la nuit, les basques de la compagnie Deabru Beltzak nous entraînent dans une déambulation diabolique : ça tambourine, ça pétarade, ça étincelle, ça flamboie autour du Fourneau. La soirée continuera sur le dance floor, les musiques du monde entraînant petits et grands, jeunes et plus âgés jusqu’à minuit passé.

Dimanche 10 novembre : A 11h33, Madeg, musicien hors pair, accompagne Moïse, un clown acrobate et tendre pour La Brise de la Pastille, spectacle de la Galapiat Cirque. Le clown, effrayé par le brouhaha du monde, essaie sur son mât ou toute autre hauteur qu’il aura dénichée, de mettre un pied devant l’autre. C’est beau, bouleversant. On en voudrait encore et le Parc à chaînes se vide doucement de ses spectateurs émus.

Pourtant c’est avec joie que nous retrouvons les entre-sorts de l’après midi. Les gens se sont déplacés, ils veulent voir. Il y a les curieux, ceux qui veulent savoir, découvrir et il y a les connaisseurs, les habitués … Le Fourneau ne laisse personne indifférent … Le Fourneau interroge par sa déco, son look atypique…

En début de soirée le gâteau-couverts et ses bougies, moment magique de rassemblement, est hissé sous le toit . Ce « Philustre », hommage à Philou, notre cher cuisinier disparu trop tôt, nous a été concocté par le génialissime Laurent Patard de la Fausse cie.

Peu après, les musiciens des différentes compagnies invitées nous offrent un bœuf musical qui nous met en appétit : Les Rustines de l’Ange, Galapiat, la Fausse Cie et le Groupe Tonne s’associent pour interpréter des morceaux de leurs répertoires respectifs. C’est l’apéro Bal à Facettes !

00h32, la Bamboche des 30 ans se termine. Après un dernier dance floor animé par le collectif ussé inné, le public est gentiment invité à sortir… Le Fourneau ferme ses portes.

Restent les artistes et les bénévoles dans une ambiance de « On l’a fait et on l’a rudement bien réussi ! ». C’est fou le nombre de câlins qui ont été partagés, et surtout le nombre de larmes d’émotions discrètement observées... Et puis comme l’a dit Moïse dans son spectacle « La fin, ça devrait pas être par quoi on termine ! » Mais la fin, c’est beau aussi, c’est comme ça qu’on se dit qu’on va se revoir !

Cet anniversaire a été non seulement une célébration du passé, mais aussi une belle promesse pour l’avenir, avec des ambitions renouvelées pour continuer à innover et à inspirer. C’était un moment de joie, de partage et de créativité, marquant une étape importante dans l’histoire de notre Fourneau. Nous sommes tous heureux et fiers de toute l’équipe qui fait vivre ce lieu et de tous les bénévoles qui en portent l’âme.

Bravo aux plus anciens, ceux qui ont créé, ceux qui se retrouvaient, se remémoraient, discutaient et se racontaient. Ils ont osé, ils ont été inventifs, créatifs, impertinents souvent …

Bravo aux bénévoles embarqués depuis le début et à ceux qui ont rejoint l’équipe. Ils accompagnent et continuent de faire évoluer le Fourneau. Ils peuvent être fiers, ils font confiance … à raison d’ailleurs, car ça pousse bien derrière !

Bravo aux salariés et à Caroline la directrice. Ils sont la force vive , ingénieuse, audacieuse et dévouée ; grâce à eux le Fourneau reste un phare pour les artistes et un lieu de rencontre pour tous ceux qui aiment l’art sous toutes ses formes.

Trente ans, un cap ! Le Fourneau va bientôt quitter ces lieux. « C’est pas le port qui va manquer au Fourneau, c’est le Fourneau qui va manquer au port » a susurré Raymond à nos oreilles. Il y a eu des Grains de Folie, il y a le « Port de », il y aura les Capucins. Une nouvelle aventure en perspective !