La compagnie AlixM explore nos failles et nos brèches
La compagnie AlixM était présente, du 12 au 27 février, pour la première fois à Brest pour poursuivre l’écriture et l’exploration de Brèches ou faute de révolution nous appuierons sur la ville.
Initialement pensée pour une résidence en extérieur, les contraintes sanitaires ont conduit l’équipe artistique à travailler exclusivement dans la grande halle du Fourneau.
La compagnie et la création sont également associées à un projet d’éducation artistique et culturel que Le Fourneau développe avec le lycée professionnel de Caulnes. Vous pouvez suivre le partenariat avec l’établissement sur notre site.
Suite à dix jours de résidence au sein du lycée, riche en échanges et en émotion (revivez le reportage écrit par les lycéens), la création s’est poursuivie dans la grande halle du Fourneau du 12 au 27 février.
Brèches est une création subversive aux propos corrosifs et aux performances habitées. Durant cette résidence Alix Montheil a dirigé les comédien·nes et les idées : après avoir fait une proposition de thématiques à travailler, l’équipe artistique se livre une série d’improvisations. Ces improvisations sont le terreau de la création artistique et permettent à Alix de partir de cette base pour en réaliser des tableaux du spectacle. Comme un plasticien part de l’argile brut pour réaliser une sculpture. Ainsi naissent de poignantes, sarcastiques et émouvantes scènettes comme celle d’une lettre à un préfet ou encore un saisissant monologue d’excuses.
"Désolés pour le bruit, désolés d’être ici, désolés pour le public, désolés d’être sans public, désolés pour nos parents, désolés pour nos enfants, [...], désolé pour tout, tout le temps"
Durant la résidence, l’élément scénographique du futur spectacle était installé : le mur du son : 15 000 kW de vibrations et d’amour des décibels. A défaut de pouvoir sortir le mur du son dans l’espace public, la compagnie et plus précisément Crabe, artiste sonore aux manettes de cette grande installation, ont pu travailler la place de ce décor comme un acteur central de la création.
A la fin de son séjour brestois, Brèches a pu être présenté à une petite trentaine de professionnels invités à venir découvrir cette performance collapsologique engagée et libératrice.
Pour clore ce reportage, nous vous laissons avec les mots de Rose, artiste-élève en dernière année à l’ESNAM - Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézières, qui était à nos côtés pendant une semaine pour découvrir l’univers et le fonctionnement d’un Centre national des arts de la rue et de l’espace public :
"Dans son expérimentation publique, la compagnie AlixM nous invite à partager un temps au pied du mur, face au rempart hurlant d’un mur de son. Les basses font vibrer nos corps et la grande halle du Fourneau.
Un spectacle professionnel, en catimini, joué devant un public de professionnel, le contexte demeure étrange.
« Je suis comédien professionnel et l’autre en face il est spectateur professionnel ; on arrive à des dérives sémantiques et cognitives graves ! » Louis
Cette création m’a évoqué les entraves qu’elles soient mentales, administratives, politiques ou affectives et des tentatives souvent vaines mais obstinées pour les surmonter. Elle fait écho avec ce désir de créer collectivement, de faire naître de nouveaux systèmes et comment ces élans se heurtent à des murs.
Dans Brèches, ou faute de révolution nous appuierons sur la ville, j’ai vu des volontés de créer une alternative au mur, que ce soit par le choc frontal de la musique qui prend aux tripes ou par des tentatives de recréer des liens entre les humains, des bulles d’intimité et de tendresse.
Alors qu’en ce moment même, le contact avec l’autre, les lieux de convivialité, les débats, les expressions artistiques autres que télévisuelles, les rassemblements sont fortement empêchés, ce spectacle vient toucher à cet endroit brûlant et contraint vécu par qui se sent empêché dans sa liberté sur le territoire français."
Répondre à cet article