Fabrique de monstres dans les quartiers de Brest avec la cie Bonjour Désordre
Résidence de création du 3 au 13 août 2020
Nouvelle compagne de route du Fourneau pour cet été hors du commun, la compagnie Bonjour Désordre vient affiner sa prochaine création, La Mondiale de la Terreur, du 3 au 13 août dans différents quartiers de la ville de Brest. Alternant travail au Fourneau, répétitions in situ, workshop de buto et expérimentations publiques, César, Zelda et Yumi ont poursuivi la fabrication de cette galerie de monstres.
Durant la première semaine de résidence, César et Zelda travaillent le matin au Fourneau et se rendent sur le lieu de la prochaine expérimentation l’après midi, afin de répéter in situ.
Ces répétitions sur le lieu de représentation sont des étapes de travail essentielles car ce spectacle est un seul en scène, sans décors ni amplification. La phase de repérage et d’appréhension de l’espace est primordiale, afin de tester l’acoustique (si la voix porte ou pas, résonne ou pas, repérer les éventuels parasitages sonores...), de définir les zones où se dérouleront les différentes parties du spectacle, de réfléchir aux images qui peuvent être données au public...
Durant leur temps de présence place Sanquer ou à l’église de Kerbonne, César et Zelda rencontrent les habitué·e·s des lieux : joueur·euse·s de pétanque, promeneur·euse·s, habitant·e·s du quartier... L’occasion de partager un moment privilégié avec ces inconnu·e·s.
"Je suis fier que vous répétiez un spectacle ici, chez moi. On n’a pas l’habitude !"
"Il est bon lui, hein, il est bon. Je vais venir vendredi. C’est à quelle heure déjà ?"
"Y’aura des pétards dans ton spectacle ? Boh tu sais, ma chienne, on va ensemble aux feux d’artifices depuis qu’elle est toute petite, elle aura pas peur."
Le texte du spectacle est remanié lors de chaque nouvelle arrivée dans un lieu de résidence ; d’une part pour suivre les avancées de la création, d’autre part pour actualiser les exemples mis en exergue.
"Le 13 novembre : c’est moi. Charlie : c’est moi. Beyrouth : c’est moi".
Vendredi 7 août à 19h12 se tient la première expérimentation publique place Sanquer. Près de 90 personnes se rassemblent à l’heure dite au centre de la place nue, dans cette configuration inédite pour l’artiste.
En effet, César se risque à exposer le public au texte brut du spectacle, sans artifice, sans cagoule, sans gradin. À l’aide de rubalise, il entoure le groupe, constituant un enclos pour parquer le public... ou un rempart afin de le protéger de l’extérieur. Aux spectateurs de choisir !
Le spectacle aborde la question des monstres dans toute leur diversité : légendaires ou ancrés dans le réel, rôdant dans le monde ou insinués au cœur de nos pensées. Et devant ces cohortes innombrables, que faire : se protéger ? les affronter ? dépasser ses peurs ?
"Et tu vas me dire : "César, on peut discuter", mais non y’a plus de César, maintenant c’est l’homme noir !"
Outre sa voix, son corps et la peinture noire, rubalise et pétards sont les seules outils de César Roynette durant cette expérimentation de La Mondiale de la Terreur.
Le public, curieux, prend le temps de venir faire différents retours aux artistes à la fin de la représentation. Des réactions riches de sens et donnant matière à réflexion pour encore affiner le déroulement de ce spectacle.
Pour revoir cette expérimentation publique de La Mondiale de la Terreur vendredi 7 août sur la Place Sanquer dans l’oeil de Jacques, c’est par ici !
Dés le samedi 8 août, la chorégraphe Yumi Fujitani rejoint le duo. Tous les matins, un workshop est organisé autour des pratiques employées dans la danse buto. Née au Japon dans les années 1960, cette pratique trouve son sens dans sa dimension introspective.
Des bénévoles et professionnels de l’équipe du Fourneau se joignent avec plaisir aux artistes pour ces temps de travail.
Avancer ensemble, être conscient de la présence de l’autre, exprimer par le cri ce qui se passe au fond de soi, stopper un mouvement en cours, sont quelques-uns des exercices qu’accueille la grande halle du Fourneau durant ces matinées.
Mercredi 12 août, c’est sur le parvis de l’église notre-dame de Kerbonne à Brest que s’expérimente pour la seconde fois La Mondiale de la Terreur.
Cette fois, le public est invité à s’asseoir sur les moquettes devant l’église quand, à 19h12... BIM, BAM, BOUM !! Plusieurs explosions retentissent et un étrange personnage apparaît, émergeant de la fumée.
"J’ai une bonne nouvelle : vous êtes en sécurité."
"J’ai une mauvaise nouvelle : y’a 6 000 langues sur cette terre et chacune nous enseigne que des centaines de monstres nous surveillent. [...] Combien de monstres à pas croiser, combien de choses à pas faire, si vous voulez pas crever ?"
"La Mondiale de la terreur est une organisation millénaire qui ordonnance la part nocturne de notre société. [...] Universelle, elle jouit d’une capacité de déploiement immédiate, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an sur vos théâtres d’opération."
"Moi, j’ai peur de mourir."
Applaudissements nourris du public et sourire ravi de César sont révélateurs d’un dispositif plus efficace pour emmener le public à la rencontre de cette galerie de monstres ! Et Zelda de renchérir : "Entre vendredi et mercredi, c’est le jour et la nuit ! Et la différence, c’est quoi ? C’est les 4 jours de travail avec Yumi !"
Bientôt la fin du long chemin de la création pour ce premier projet de la compagnie Bonjour Désordre, puisque les premières de La Mondiale de la Terreur se dérouleront à la fin du mois d’août à Aurillac, accueillies par le CNAREP Le Parapluie. Bel envol à toi César !
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