Création de "LennuT", dernière ligne droite pour Dérézo !
Du lundi 29 avril au samedi 4 mai, la compagnie Dérézo était en résidence pour finaliser LennuT, sa création en cours. Si certain·es brestoises et brestois avaient pu approcher l’installation aux Ateliers des Capucins en décembre 2023, ils ont pu interagir avec elle à l’occasion de deux expérimentations publiques qui ont eu lieu le mercredi 1er mai au square Jegaden et le samedi 4 mai au Fourneau. Équipé·es d’un ordinateur, d’une boussole temporelle, de lunettes 3D et autres accessoires, visiteuses et visiteurs sont entré·es dans un endroit à nul autre pareil...
Le processus créatif de LennuT
L’idée à l’origine de LennuT a émergé en 2022. Dès février 2023, les résidences ont commencé dans les Ateliers des Capucins où programmeurs et scénographes ont travaillé sur des questions d’ordre technique. L’année 2024 a été consacrée à la partie dramaturgique aux côtés d’une équipe de comédien·nes.
L’Outrage aux mots de Bernard Noël a servi de support à la création de LennuT. Charlie Windelschmidt en a extrait des passages et a fait appel à des comédiens pour interpréter et mettre en scène les textes.
"L’ensemble du décor et du spectacle raconte quelque chose qui va au-delà du sens du texte. Il questionne le sens de la culture aujourd’hui et la place du spectateur. À l’image de ses précédentes créations, Charlie essaie systématiquement de mettre le public dans une posture dans laquelle il n’a pas l’habitude d’être. Dans LennuT, le spectateur vient vivre une expérience où tous ses sens et tout son corps sont mis en exercice, dans une grande proximité avec les comédien·nes." expliquent Nina Faidy, chargée de communication et Louise Vignault, chargée de diffusion de la compagnie Dérézo au micro d’Inès de la radio Fréquence Mutine.
Avez-vous déjà lu LennuT à l’envers ?
Et oui ! LennuT se lit "Tunnel" à l’envers et pour cause, l’installation gonflable ressemble à un long tunnel encadré par deux igloos géodésiques.
Visible de loin, le laboratoire argenté géant intrigue les passant·es et les habitants du quartier de Recouvrance et du Port de Commerce.
Cette installation a été complétement imaginée et créée par la compagnie Dérézo, mais pas spécifiquement pour cette création. En effet, elle est un élément scénographique d’un autre spectacle de la compagnie intitulé Alice, de l’autre côté.
Le temps des expérimentations publiques
Les créations arts de rue de Dérézo, compagnie basée à Brest et dirigée par Charlie Windelschmidt, ont toujours été accompagnées par Le Fourneau. C’est donc avec un grand plaisir que les équipes du Fourneau et de Dérézo ont travaillé main dans la main tout au long de cette semaine. Si la première expérimentation publique avait lieu en extérieur, sur le square Jegaden, dans le quartier de Recouvrance, la deuxième s’est retrouvée dans la grande halle du Fourneau en raison des conditions météorologiques.
Dans les deux cas, les spectateur·rices ont été accueillis de la même manière. Ils/Elles ont rencontré une première personne qui leur a souhaité la bienvenue et leur a rappelé leur présence en ces lieux : "ce que vous allez voir n’est pas un spectacle, mais une installation avec laquelle vous allez vivre une expérience insolite qui viendra interroger votre place, celle de spectateur". Une fois cela dit, le public est équipé d’un "émetteur" collé sur le front et qui leur permettra de rester en totale connexion avec le reste de l’équipage "Vigiculture".
Une fois connecté, le public reçoit une paire de lunettes 3D et est invité à regarder une vidéo de 3 minutes qui explique comment utiliser l’équipement et ainsi interagir avec le dispositif.
Une fois les informations bien en tête, le public est équipé d’un "sac à sens", sac à dos low-tech, technologique et sonore, conçu par Théophile Rousic-Plantec. Ce sac à dos est relié à une douchette qui permet de flasher des codes-barres et à une boussole vocale qui tient le rôle de compte à rebours de 20 minutes. Car oui, le public embarque bien pour un tour de 20 minutes autour de l’installation.
Le spectateur va ainsi créer un parcours très personnel. D’ailleurs, au sol, des flèches rappellent qu’il est possible d’aller dans un sens comme dans l’autre.
Au grés des scan, le public évolue, prudemment d’abord, puis se prend au jeu et gagne une aisance certaine avec l’équipement et l’environnement dans lequel il se trouve.
Ici, un code-barre invite à lire ou laisse entendre un extrait du texte de Bernard Noël sur lequel s’appuie le spectacle. Là, un autre code-barre active l’intervention d’un comédien ou d’une comédienne.
Quelques fois, le public était invité à passer une tête dans le dispositif ou encore l’enjamber grâce au passe-loup.
Une fois les 20 minutes écoulées, la boussole retentit pour signaler aux spectateur·rices qu’il est temps de rendre l’équipement et de se diriger vers la sortie. Pris au jeu et intéressé·es par le propos, certain·es ont retenté l’expérience une deuxième voire une troisième fois. D’autres sont ressorti·es quelque peu étourdi·es par les questionnements nés de cette expérience immersive.
Au total, près de 400 spectatrices et spectateurs ont vécu LennuT ! Avant de partir en tournée française, la compagnie Dérézo donnera la première de LennuT le vendredi 10 mai dans le cadre du festival SOÑJ organisé par L’Atelier culturel à Landerneau.
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