Un oiseau bleu sur la branche...
Bleu Tenace, RHIZOME, Locunolé, 26 août
Fanny Austry se hisse à six mètres du sol sur son perchoir bleu, sa tenue en harmonie avec le ciel, des cirrus dans la chevelure. Puis elle reste suspendue à la structure pendant 30 minutes en ponctuant sa suspension d’exercices acrobatiques. La performeuse alterne alors, sur fond de musique électro, morceaux de danses urbaines comme le krump et moments de suspension plus calmes, juste le temps pour nous, comme pour elle, de reprendre haleine.
Le public est suspendu aux gestes de l’acrobate et retient son souffle pour l’observer, lévitant au-dessus du vide dans le bleu du ciel. On a l’impression qu’elle essaie de dompter les nuages. Le tableau, en blanc et bleu aspire à la béatitude.
Les mouvements que l’on observe racontent des choses qui nous touchent. Ce n’est pas simplement un éloge de la suspension mais un art du mouvement et de la lenteur. La maîtrise de cette dernière entraîne de beaux moments de poésie. Ici, la force n’écrase jamais la sensibilité. Les mains de l’artiste, aidées par instants de son corps, garantissent une forme de sérénité alors même que nos regards de spectateurs s’alarment de ce vertige.
Voilà un endroit où on ne peut rien lâcher ! L’artiste exécute des contorsions incroyables au dessus du vide. Mais est-ce vraiment le vide ? Dans une récente émission de France Inter, Chloé Moglia, la directrice artistique, fait remarquer : « Elle ne travaille pas dans une sorte de vide, c’est une espèce de champ de force incroyable, avec des actions de gravité, d’apesanteur ». « Le vide est une zone invisible mais que l’on peut transformer. L’imaginaire donne alors à l’artiste plus d’appui, agissant sur elle, comme une présence. »
Le physicien Etienne Klein note dans son livre sur les anagrammes que celui de la « chute des corps » est « hors du spectacle » et là, on avait l’impression que la chute des corps était vraiment hors du spectacle ou plutôt que Fanny Austry mettait en spectacle le fait qu’elle ne tombait pas, ce qui est encore plus fort !
Répondre à cet article