Piano et vent sonnent dans le bambou pour l’éternité
"Chairs Vieilles" au Pique-Nique Ste Barbe
Samedi 17 août. 21h03 + 10 minutes et quelques secondes.
Cœur de feutrine enfermé dans une cage à la main. Plumes de couleurs éparpillées sur les épaules de la veste queue de pie. Oreiller moelleux sous le bras. Et sourire énigmatique aux lèvres. C’est silencieux que « l’ange déchu » vient à la rencontre de spectateurs repus. Repus d’un pique-nique, repus de mots échangés autour des victuailles, repus des jeux sur la pelouse de la chapelle Ste Barbe pour les plus jeunes. C’est sans un mot qu’il mène ces quelques 600 spectateurs dans un voyage. Et ainsi, en suivant doucement cet ange dont le costume semble avoir connu les outrages du temps et de l’éternel, les passagers de ce voyage se taisent. Comme s’ils étaient conscients de se diriger vers l’étranger, vers l’inconnu.
Et nul ne se serait douté de trouver cet espace suspendu, cette salle d’attente pour ceux qui n’ont plus rien à attendre, ici, au bout de la Venelle de Kervalous dans un jardin sur un flanc fouetté par le vent venant de l’Anse du Moulin Blanc.
Dans un espace qui ne se raccroche de notre de notre réalité ni par l’espace, ni par son intemporalité, le masque achève de décontextualiser cette fable. L’oubli, la vieillesse, la vie, le souvenir. Ce sont ces thèmes qui s’assemblent et se répondent dans le travail de la compagnie A Petit Pas et de Leonor Canales, sa directrice artistique, dans un jeu masqué, physique et écrit. Une écriture orale, métissée dont l’émotion ne reste pas éclipsée derrière les phrases et lieux communs. Qui laisse transpirer le grouillement de sentiments dans un spectacle à émotions multiples.
Répondre à cet article