La descente au paradis des "Charrues dans la Rue".
Service à tous les étages par Antoine Le Ménestrel et Polar par la Compagnie Bilbobasso
Samedi 23 mars 2013. 20h03. Nombreux sont ceux qui patientent les yeux levés vers la façade de l’église St Trémeur. Elle a l’allure des grands jours, l’église de Carhaix, parée d’un éclairage singulier. Au centre de toutes les attentions, elle s’est éveillée sous les quelques 2 000 paires d’yeux posées sur elle. Reconnaissante et fébrile, elle accueille sur ses murs de granit Antoine Le Ménestrel grand grimpeur et danseur à la verticale, qui paraît minuscule perché à 39 mètres de hauteur. Sur les imposantes façades désertes, sur les étroits parapets, aux côtés des gargouilles et autres statues inaperçues, Antoine Le Ménestrel surprend dans un espace déterminé et vierge. L’église, si monumentale et pourtant si invisible dans les chemins d’un quotidien pressé, minaude et se réinvente aux côtés de cette petite araignée quadrupède qui la quitte, à contre-coeur, le long d’une tyrolienne pour rejoindre la terre ferme. Sur un air de tango, Antoine Le Ménestrel pose un pied dans cet univers nouveau.
Aérien / terrestre, plumes / feu, gris étoilé / rouge sang, escalades en solo / tangos en duo, trio et quatuor : tout semblait opposer les univers des deux propositions de ces Charrues dans la rue : Service à tous les étages par Antoine Le Ménestrel et Polar par la Compagnie Bilbobasso.
Une opposition quasi mystique sous l’œil de la grande dame, l’église St Trémeur, entre la performance aérienne de la figure angélique d’Antoine Le Ménestrel et les flammes et machinations... machiavéliques de Polar. Une glissée progressive vers la profusion et l’abondance.
Polar, sonne comme une plongée dans les années 30. Des années 30 fabulées. Un univers mafieux et électrique, où les flammes résonnent avec des tempéraments passionnés. En direct, posés sur le sable, le piano, la contrebasse, l’accordéon et l’envoûtante chanteuse, accompagnent les pas de tango et confèrent à ce spectacle ce rythme vif et imprévisible. Les étonnantes pyrotechnies – chapeaux et éventails enflammés, arrosoirs incendiaires, et autres mortelles étincelles servent l’intrigue et séduisent dans ce monde où séduction et trahison s’entremêlent. Comme un pot-pourri, une tornade, de sentiments, de sensations et de relations.
Les flammes s’éteignent peu à peu, la musique cesse et la nuit reprend ses quartiers sur la place de l’église de Carhaix. Dans les yeux ronds du public, brillent encore la fureur des flammes et la paisible descente d’un humble solitaire.
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