Je rêve d’une rue...
"Mes déménagements" par le Groupe ToNNe dans les rues Bannalec
Qui n’a jamais vécu l’inconfort et l’espoir que charrie un déménagement ?
Il déplace et embarrasse, interroge et angoisse, bouscule le temps et l’espace.
Mathurin Gasparini et les 6 acteurs du Groupe ToNNe entraînent les spectateurs dans un pèlerinage où ils suivront les étapes d’une vie ordinaire et ses moments extra-ordinaires, nous faisant naviguer entre l’album photo, le document sociologique et l’excursion touristique.
Nous sommes sollicités dès le début de la déambulation : nous incarnerons tous le même personnage et nous allons refaire le parcours de notre vie de déménagements. Nous avons une quarantaine d’année, sommes père célibataire et avons déménagé 22 fois !
C’est donc ensemble que nous traverserons cette histoire, nous ferons bloc !
Nous nous sentons rapidement partie prenante, incités à une participation plus concrète, partageant le transport d’une caisse avec les déménageurs, nous cachant du propriétaire d’un squat, fuyant devant le danger, trinquant entre amis pour fêter la crémaillère.
Nous sommes au cœur du déménagement, tantôt assis, tantôt debout, à guetter l’intime dévoilé là, au regard de tous : l’adolescence, les amours, la paternité, la séparation, la maladie et l’hôpital. Nous nous mettons vite dans un état de complicité, d’empathie : nous avons l’impression de construire l’histoire avec les comédiens et de traverser cette vie avec eux en jouant avec la ville, surpris par l’apparition d’un comédien au balcon ou l’appel d’une trompette.
Les acteurs ont la capacité de passer de statut en statut de manière instantanée, du citoyen au comédien, de copain au voisin, de l’ado au facho, des marginaux aux bobos.
Juchés sur des modules symbolisant les cartons du déménagement, ils emploient tous les moyens pour partager les émotions et les interrogations de notre personnage : confession intime, cri du cœur, conférence, déclamation de listes à la Prévert, chants ou harangue à emporter les foules.
Au bout de la rue, Maude s’interroge :
« Qu’est-ce qui fait une rue aujourd’hui ? Ses trottoirs ? Ses panneaux d’interdiction de stationner ? Ses bancs sur lesquels on ne peut pas s’allonger ? On alors la mémoire de tous ceux qui y ont habité ? »
« Je rêve d’une rue où les gens s’arrêtent, échangent, vivent. Un endroit où l’on se raconte nos vies. Des rues avec des endroits pour dormir, des rues où l’on prend plaisir à se retrouver, un peu comme maintenant ! »
« On aura beau déménager autant de fois qu’on le voudra, à la fin on restera toujours coincés sur cette terre, alors il nous faut trouver comment habiter au mieux cet espace et le temps qu’il nous reste. Travailler pour que chacun se sente partout chez lui et partout avec les autres. Inventer des moments de convivialité, de folie, de rires, de débordements, même si cela nous demandera encore des milliers de déménagements. »
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