"À l’Ouest !" par Clown Pétrole
Les carnets de la Chimère #13 Scaër, samedi 31 août
D’humeur un peu paresseuse en ce dernier jour des Rias, je me suis laissée porter par la brise vers la clairière, fraîchement fauchée, où m’attendait, j’ose l’imaginer, Clown Pétrole et son spectacle À l’Ouest !
De grands arbres entourent l’espace, le vent bruisse dans les feuilles. Du linge sèche sur des cordes tendues entre les troncs, un bric-à-brac de table et chaises renversées, caisses en tous genres, sacs de jute jonchent le sol, dans une parfaite harmonie de couleurs avec la nature environnante. Je me glisse parmi les autres spectateurs.
Je venais voir un clown, une vagabonde fait son entrée. Elle voudrait bien retrouver la truite, maigre pitance pour son prochain repas, qu’elle a enterrée non loin de là ; elle demande la permission de traverser. Elle s’étonne soudainement de notre présence, est tout heureuse d’apprendre qu’un spectacle va avoir lieu et se joint à nous. Mais l’impatience la gagne : où sont donc les comédiens ? Personne dans les loges ! Qu’importe, pleine d’imagination, elle nous propose de faire nous-mêmes le scénario du spectacle où elle tiendra, bien entendu, le rôle principal.
Impossible de résister à une telle énergie, me voilà embarquée à la conquête de l’Ouest, sur les traces de Martha Jane Cannary, plus connue sous le nom de Calamity Jane. Il ne lui faut d’ailleurs que quelques instant pour devenir, sous nos yeux, cette légende de l’Ouest, rebelle et gouailleuse !
À l’image de celle qu’elle incarne, elle n’épargne personne. Elle égratigne sans pitié les clichés des cow-boys maintes fois ressassés par les westerns d’Hollywood. Elle s’indigne de la place infime que les hommes, machos, prétendaient laisser aux femmes. "Girl power !". Elle évoque avec ardeur le courage nécessaire à une femme pour choisir son destin. Elle dénonce cette propension des colons à s’approprier les terres de ceux qui vivaient là bien avant eux.
Mais Clown Pétrole est bien un clown. Si elle sait donner à réfléchir, elle sait aussi faire rire et ne s’en prive pas. Les émotions fortes ne sont jamais bien loin. Quand elle évoque les liens entre Martha Jane Cannary et sa fille, une larme coule sur mes écailles. Le spectacle se termine par un vibrant appel au respect de la nature : un message qui n’a rien de chimérique, espérons-le !
Chimèrement vôtre.
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